La Municipalité de Saint-Roch-de-l’Achigan a pris l’heureuse initiative en 2003 et 2013 de citer comme immeubles patrimoniaux neuf ensembles situés sur son territoire en vertu des pouvoirs que lui confère la Loi sur le patrimoine culturel du Québec. Ces bâtiments méritent d’être protégés de façon permanente en raison de leur grande valeur historique et architecturale. En appui à ce projet, la Société d’histoire a fourni à la Municipalité les résultats de ses recherches à caractère historique et architectural. Il est à souhaiter que cette initiative encourage les citoyens à participer à la protection et la mise en valeur de leur patrimoine architectural, lequel est objet de fierté et gage de qualité pour le milieu.
Vieux-Couvent
1224, rue Principale
Le couvent, construit en 1883 selon les plans des architectes Roy et Poitras, remplaçait alors un premier couvent qui datait de 1855. La congrégation des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie en assume la charge et fournit l’enseignement aux jeunes filles jusqu’en 1969.
La Municipalité de Saint-Roch-de-l’Achigan en fait l’acquisition en 2009 et procède à sa restauration en 2010 et 2011.
C’est un grand bâtiment rectangulaire de quatre étages avec des parties en saillie aux extrémités du mur avant et une annexe perpendiculaire à l’arrière qui logeait la chapelle. Il s’insère dans le courant victorien et porte clairement l’influence du style Second Empire par son toit mansardé muni de lucarnes, sa tour centrale surmontée d’un clocheton et la parfaite symétrie de l’ensemble avec distribution régulière des ouvertures. La porte d’accès principale est mise en valeur par un escalier et un portique en bois très ornementé soutenant un balcon. En façade principale, l’usage général de la pierre calcaire à bossage contraste avec la pierre taillée de même nature utilisée pour les chaînes de coin et des chambranles de portes et fenêtres. La pierre granitique équarrie a été utilisée sur les autres façades de même que sur les murs de la chapelle.
La restauration de cet immeuble qui lui a conservé toutes ses qualités architecturales en fait une image de marque pour la Municipalité qui y a installé la Mairie à compter de 2012.
Vieux-Presbytère
1200, rue Principale
Le presbytère actuel qui succède à deux autres bâtiments édifiés respectivement en 1786 et 1838 a été construit en 1905 par Ludger Venne de Saint-Lin selon les plans de l’architecte Alphonse Durand de Joliette. Acquis par la Municipalité en 2009, il a fait l’objet de restauration de plusieurs de ses composantes.
Immeuble imposant de style victorien éclectique, il est constitué d’un corps de logis principal de forme carrée de deux étages et demi, avec toiture en pavillon et terrasse faîtière. Un oriel à pans obliques est présent sur les deux étages de la façade avant. Une annexe légèrement décalée possède une toiture à deux versants et un fronton de tôle ouvragée en façade. Les murs en maçonnerie sont couverts de pierre calcaire à bossage sur les façades avant et latérales mise en contraste avec la pierre taillée des chaînes d’angle et des portes et fenêtres. La pierre de carrière équarrie couvre le mur arrière, moins apparent.
L’architecture de ce bâtiment dénote l’influence étatsunienne des maisons cubiques et comporte des éléments décoratifs éclectiques, telles les colonnes à chapiteaux d’influence grecque, les lucarnes de styles variés et les balustrades qui donnent beaucoup d’élégance à cet édifice.
Maison Wilfrid-Marien
1154, rue Principale
Cette maison est construite en 1919 par Wilfrid Marien, un menuisier de Saint-Roch-de-l’Achigan qui en a été le premier propriétaire.
Le volume important de la maison et l’ornementation témoignent d’une certaine aisance de son propriétaire. De plan irrégulier, le bâtiment présente diverses influences, dont principalement l’influence étatsunienne de la maison cubique en plus de différents éléments éclectiques.
Notons l’avant-corps en façade, surmonté d’un fronton triangulaire où est inscrite l'année de construction de même qu’une galerie qui court sur deux côtés de la maison, dont la toiture est supportée par des colonnes de bois tourné. Les fenêtres de format varié et disposées de façon asymétrique étaient à l’origine de type à guillotine. La maison comporte un parement de brique rouge avec appareil décoratif au sommet des murs. L’usage de brique de couleur beige souligne les chaînes d’angle et des portes et fenêtres. Le toit couvert de tôle en plaques présente un plan en pavillon tronqué avec terrasse faîtière ceinturée d’une balustrade de fonte et surmontée d’un mât.
Maison J.-Oswald-Forest
1235, rue Principale
Joseph-Oswald Forest, un propriétaire d’une manufacture de tabac qui portait son nom, a fait construire cette demeure en 1910 par Ludger Venne de Saint-Lin.
La maison forme un volume cubique avec toit plat entouré d’une corniche et muni d’un drain central. La façade avant est couronnée d’un fronton polygonal surmonté d’un mât dans lequel est indiquée l'année de construction. Le revêtement de brique rouge est orné d’un bandeau décoratif au sommet des murs et sur le pourtour de la tour.
Le style architectural de la maison, éclectique, est surtout associé à l’influence néo-Queen Ann. On y retrouve plusieurs éléments propres à ce courant : la tour d’angle circulaire munie de vitrage cintré et d’oculi sous un toit conique très ouvragé, la saillie sur le mur est et son oriel au rez-de-chaussée, les acrotères d’angle coiffés d’un toit à l’impériale, la galerie avec toit supporté par des colonnes à chapiteau d’influence grecque et les corniches richement ornées. Le fenêtrage abondant est de type mixte, à battants avec imposte fixe.
Maison Josaphat-Gareau
1484, rue Principale
On doit cette magnifique maison au talent de Josaphat Gareau, horticulteur et riche commerçant de tabac, qui fut en 1904 son constructeur et premier propriétaire. La maison est aussi connue sous le nom de Château Lamarche en souvenir de la famille Hermas Lamarche père, qui en a été propriétaire de 1924 à 1963.
Cette maison, de dimension imposante, est d’un grand intérêt architectural. Recouverte d’un parement de brique, elle est constituée d’un corps principal presque carré auquel s’ajoute une partie rectangulaire perpendiculaire au mur arrière. Elle est d’inspiration néo-Queen Ann, un style né en Angleterre dans le dernier quart du X1Xe siècle, qui se popularisa par la suite aux États-Unis. Témoignent de ce style les très riches ornements et dentelles de bois de l’exceptionnelle galerie, la tour d’angle circulaire avec son toit conique en écailles, l’avant-corps en façade muni d’un balcon et surmonté d’un fronton triangulaire portant un épi, les nombreuses fenêtres de type mixte avec battants surmontés d’une imposte fixe, les lucarnes à arc cintré et le toit en pavillon avec terrasse faîtière ceinturé d’une balustrade en bois.
Maison Archambault
1520, rang de la Rivière Nord
Cette maison a été construite vers 1815-1820 pour le compte de Pierre-Jacques Archambault et de son fils Louis qui faisaient alors partie de l’une des plus importantes familles de Saint-Roch-de-l’Achigan. La maison est aussi connue sous le nom de Maison Vézina en souvenir de la famille Vézina qui l’a habitée de 1904 jusqu'au début des années 1980. Elle représente une première adaptation de la maison française en sol québécois.
Le rez-de-chaussée faiblement dégagé du sol, les murs en épaisse maçonnerie de pierre, le toit à deux versants à forte pente, les deux cheminées intégrées dans les murs pignons et la disposition asymétrique des ouvertures sont caractéristiques des constructions de l’époque. La maison était pourvue à l’origine d’un toit à versants droits, modifié par le prolongement du larmier afin de couvrir la galerie, un élément popularisé au cours du X1Xe siècle. Les fenêtres à six carreaux sont munies de contrevents à panneaux.
Elle est parmi les maisons les plus anciennes de la municipalité qui a conservé ses caractéristiques d’origine. Les bâtiments de ferme présents sur le site sont aussi d’une grande valeur architecturale et patrimoniale.
Maison Allard-Labrèche
528, rang du Ruisseau-des-Anges Sud
Cette maison, construite vers 1865 par Constant Allard est vendue à son fils Cyprien en 1914, puis suite au décès de ce dernier, revendue la même année à Siméon Labrèche.
D’inspiration du style Second Empire, cette habitation rurale présente une structure de pierre de plan rectangulaire, un toit en mansarde à deux versants et une galerie couverte en façade. Fait particulier, la pierre apparente en surface de la structure est constituée non de pierre des champs, mais de pierre granitique en provenance de carrières. Deux cheminées-foyers sont localisées dans les murs pignons. Les fenêtres à six carreaux disposées de façon symétrique témoignent de l’influence du néo-classicisme. Une large lucarne, possiblement postérieure à la construction de la maison, occupe la façade avant. C’est l’une des rares structures de pierre qui subsistent dans la municipalité et un exemple assez unique dans le paysage architectural régional qui présente peu de maisons de pierres dotées de toit en mansarde.
Plusieurs bâtiments secondaires se trouvent sur le site de la maison Allard-Labrèche. Ces bâtiments illustrent bien les pratiques agricoles et l’organisation spatiale des fermes de la région des années 1850 à 1960. Tous ces bâtiments ont également fait l’objet de citation, soit la remise incluant une cuisine d’été, le hangar, la porcherie-poulailler, la laiterie et le séchoir à tabac.
La remise et la cuisine d’été
Ce bâtiment (17 m x 8 m) avec toiture de tôle et murs de planches de bois, situé près de la maison, avait jadis plusieurs usages : il abritait la cuisine d’été et servait à l’entreposage du bois de chauffage et des grains de même qu’au séchage du tabac. Sa construction remonte autour de l’année 1875.
Le hangar
Ce bâtiment (12 m x 8 m) avec abri ouvert à l’avant, typique des fermes sur le territoire de Saint-Roch-de-l’Achigan servait de remise à voitures, équipements agricoles et matériaux divers. Ce hangar s’est ajouté vers les années 1920.
La laiterie
Ce bâtiment (4.5 m x 3.5 m) construit au cours des années 1920 ou 1930 servait à la conservation de la crème extraite du lait des vaches. Il est utilisé aujourd’hui comme mini-poulailler.
Le séchoir à tabac
Séchoir (13 m x 8 m) typique de la région, il aurait été construit au début du XXe siècle pour le séchage du tabac à pipe et à cigare. Ce bâtiment est en bon état de conservation. Il est peint de couleur rouge brique, une façon de faire typique sur les bâtiments de ferme.
Maison Malo
110, route 341
La maison Malo est une habitation rurale typique du modèle québécois. Son année de construction remonterait aux années 1850 pour le corps de logis principal et aux années 1820 pour le corps secondaire. La première mention de la famille Malo identifiée comme propriétaire du lot où se trouvait la maison provient du plan terrier dressé en 1858. Celle-ci fut déplacée du chemin du Ruisseau-Saint-Jean Sud vers son site actuel en 1975.
Le bâtiment principal avait déjà été déplacé avant 1900 pour être joint à la petite partie. C’est donc une maison à deux corps d’un étage et demi, dégagée du sol, coiffée d’une toiture à deux versants avec larmier cintré dont le prolongement couvre la galerie en façade avant. Le corps principal a la particularité de posséder une structure de colombage briqueté, un cas très rare dans notre architecture. Le corps secondaire présente une structure traditionnelle de pièces sur pièces. La toiture est couverte de tôle pincée et les murs d’un revêtement de planche à clin, des éléments mis en place au tournant du X1Xe siècle. Les fenêtres à six carreaux, la majorité d’origine, sont munies de persiennes en saison d’été.
Deux bâtiments secondaires ont été cités dans l’environnement de la maison Malo, soit une remise et une gloriette. Édifiées au cours des années 1990, elles n’ont pas de valeur historique ou patrimoniale proprement dite. Il importe cependant d’en préserver les caractéristiques, car construites de matériaux provenant de bâtiments démantelés, ils possèdent une architecture apparentée à celle de la maison, typique des bâtiments annexes dans la région.
La remise
Ce bâtiment avec toiture de tôle pincée et revêtement en planches de bois posées à la verticale, complété par un abri ouvert est construit dans les années 1990, à partir de matériaux récupérés provenant de la démolition d’une grange et d’un séchoir à tabac.
Au Moulin Bleu
410, route 341
Au Moulin Bleu est un moulin à farine artisanal situé aux limites de Saint-Roch-de-l’Achigan et de Saint-Esprit tout près du pont Populus qui enjambe la rivière Saint-Esprit à l’intersection du chemin du Ruisseau-Saint-Jean Nord et de la route 341.
Le moulin aurait été construit au cours des années 1860, mais le nom du constructeur demeure inconnu. Il a peut-être été construit par la famille St-André qui possédait d’autres moulins et dont le nom apparait dans un contrat en 1881.
Ce moulin est constitué d’une longue structure de bois dotée d’une toiture à deux versants et assise sur une haute fondation de pierre en bordure de la rivière Saint-Esprit. Comptant quatre étages, le moulin est construit de forts colombages et couvert de planches de pin posées à la verticale. Avant la construction d’une maison sur le site vers 1892, le bâtiment a servi tant aux activités de mouture qu’au logement du meunier.
Au cours des ans, divers équipements se sont ajoutés et l’évolution des besoins d’espace pour le fonctionnement du moulin a amené la construction de diverses annexes à compter des années 1960.
Le barrage initial, une structure en bois remplie de pierres, a été remplacé au cours des années 1890 par un barrage en béton. Ce dernier fut rehaussé au cours des années 1920 et à deux reprises par la suite, le dernier rehaussement survenant en 1960, toujours dans le but d’assurer une utilisation plus continue du moulin. Ce barrage et les fondations du moulin ont nécessité un entretien régulier, car ces éléments sont fortement sollicités par les crues printanières.
Le moulin, le barrage et les autres équipements hydrauliques - turbines, meules et bluteau - ont servi de façon ininterrompue et témoignent toujours de la longue activité meunière qui s’y est déroulée depuis plus de 150 ans. Il s’agit de l’un des rares moulins au Québec dont l’usage s’est ainsi poursuivi jusqu’à aujourd’hui.
Source : Société d’histoire de Saint-Roch-de-l’Achigan